Vous pilotez déjà un drone et souhaitez passer à un usage plus technique, comme la cartographie ou le relevé de toiture ? La photogrammétrie par drone est la suite logique pour beaucoup de télépilotes formés. Mais avant de livrer des orthophotos ou des modèles 3D à un client, il est essentiel de maîtriser la méthode, les outils et les paramètres clés. Ce guide s’adresse aux télépilotes débutants opérationnels qui veulent passer un cap professionnel en 2025.
Qu’est-ce que la photogrammétrie par drone ?
La photogrammétrie consiste à reconstituer un objet ou une surface en 2D ou 3D à partir de photographies prises sous plusieurs angles. En vol drone, cela revient à capturer des dizaines (voire centaines) d’images avec un recouvrement suffisant, puis à les traiter via un logiciel spécialisé pour générer :
- une orthophoto géoréférencée et redressée (plan 2D) ;
- un nuage de points (point cloud) ;
- un modèle numérique de surface (MNS) ;
- un modèle 3D texturé (maillage + texture).
Ces livrables sont utilisés en architecture, BTP, inspection, géomatique, agriculture, ou pour le calcul de cubatures.
Matériel minimum recommandé pour débuter en photogrammétrie
Si vous êtes déjà télépilote, un drone avec caméra 20 MP et obturateur mécanique est un bon point de départ. Les modèles les plus adaptés en 2025 sont :
- DJI Mavic 3 Enterprise : léger, rapide à déployer, compatible RTK, très bon rapport qualité/prix.
- DJI Phantom 4 RTK : toujours une référence en précision, avec workflow bien documenté.
- DJI Matrice 300 + P1 : pour les missions complexes (SIG, grands volumes, haute précision).
Attention : un capteur à obturateur roulant (rolling shutter) peut déformer les photos et nuire à la précision du modèle. Le Mavic 3E corrige en partie ce défaut grâce à son obturateur électronique rapide.
Planification du vol : la clé d’un bon rendu final
Une mission de photogrammétrie réussie repose sur une planification rigoureuse. Voici les paramètres essentiels à définir :
- Altitude de vol : plus le vol est bas, plus la résolution est fine (2-4 cm/pixel à 40 m).
- Recouvrement frontal : au minimum 75 %, souvent 80 % recommandé.
- Recouvrement latéral : minimum 65 %, voire 70-75 % pour les modélisations 3D complexes.
- Angle de prise de vue : nadiral (vertical) pour orthophoto, oblique pour façade ou modélisation 3D.
- Orientation des passes : croisée ou perpendiculaire pour objets irréguliers.
Des applications comme DJI Pilot, Litchi, UgCS ou Pix4Dcapture permettent de planifier ces paramètres et de les exécuter automatiquement.
Photogrammétrie et toiture : cas pratique de mission simple
Supposons que vous deviez inspecter une toiture de 300 m² pour générer une orthophoto et un modèle 3D. Voici une procédure type :
- Vous survolez à 35 m, à 3 m/s, avec 80 % de recouvrement frontal et 70 % latéral.
- Vous capturez environ 120 à 150 images JPG de haute qualité.
- Un second vol avec angle oblique à 45° est effectué pour capter les pans de toiture.
- Les données sont ensuite transférées dans Pix4Dmapper ou WebODM pour traitement.
Ce type de mission peut être réalisé en 30 minutes de vol, 15 minutes de préparation, et 2 à 4 heures de traitement selon la puissance de votre poste.
Traitement des données : logiciels à connaître
Une fois les images capturées, elles doivent être alignées, géoréférencées, et modélisées. Voici les logiciels les plus utilisés :
- Pix4Dmapper : référence payante, très puissant, adapté BTP, agriculture, architecture.
- DroneDeploy : plateforme cloud, simple, bon rendu 2D/3D, tarif à l’usage.
- WebODM : open source, gratuit, très bon en 2D, plus lent en 3D.
- Agisoft Metashape : très complet, utilisé en archéologie, topographie, patrimoine.
Pour un débutant intermédiaire, WebODM est un bon point d’entrée, mais Pix4D offre un rendu plus rapide et plus professionnel, à condition de maîtriser les paramètres d’export (GSD, projection, EPSG, etc.).
Contrôle qualité et pièges classiques à éviter
Voici 5 erreurs fréquentes qui faussent les résultats ou font perdre du temps :
- Vol trop rapide = flou de mouvement → baisse de précision du nuage de points.
- Recouvrement insuffisant = trous dans l’orthophoto ou déformation du maillage.
- Lumière rasante ou ombres fortes = mauvaise texture ou confusion des plans.
- Pas de point de contrôle au sol (GCP) = positionnement imprécis en plan topographique.
- Altitude de vol mal choisie = GSD trop faible ou trop lourd pour traitement.
Une bonne mission doit produire des images nettes, cohérentes, avec des métadonnées claires (EXIF complets, tags GPS, etc.).
Cas d’usage concrets pour les télépilotes intermédiaires
Voici les applications les plus accessibles pour un télépilote déjà formé mais débutant en photogrammétrie :
- Relevé de toiture : modèle 2D pour plan de calepinage, 3D pour simulation de couverture.
- Suivi de chantier : orthophoto hebdomadaire ou mensuelle avec positionnement RTK.
- Cartographie agricole : identification de zones de stress végétal, irrigation, pente.
- Modélisation de bâtiments : pour études d’urbanisme ou plan de coupe en architecture.
Ces missions ne nécessitent pas forcément un RTK ou des GCP, mais une rigueur méthodologique forte.
Se former à la photogrammétrie professionnelle avec Dronelis Academy
Chez Dronelis Academy, nous proposons une formation intermédiaire “Photogrammétrie par drone” conçue pour les télépilotes déjà certifiés. Ce module vous permet de :
- planifier vos vols selon le type de relevé demandé ;
- choisir le matériel adapté à chaque mission ;
- maîtriser les logiciels Pix4D et Metashape, les autres logiciels sont de moins en moins utilisés. Nous pourrons les voir avec vous si nécessaire.
- générer vos premiers livrables : orthophotographie, nuage de points, maillage texturé ;
- comprendre les normes de livrables en BTP et architecture.







